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 Les actions des jeunes contre le CPE - chronique (2)

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3 participants
AuteurMessage
lou.A.S-Garcia
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lou.A.S-Garcia


Nombre de messages : 14
Localisation: : Montréal
Date d'inscription : 07/01/2006

Les actions des jeunes contre le CPE - chronique (2) Empty
MessageSujet: Les actions des jeunes contre le CPE - chronique (2)   Les actions des jeunes contre le CPE - chronique (2) EmptyLun 13 Mar - 12:39

Toujours est-il que nous avons dû empêcher la colère de nous bloquer dans les ultimes défenses que nous avions à organiser : coté Saint Michel, vers la Rue des Ecoles, les fameux cyclopes sur roues, cars avec trois plein-phares, s’approchaient sans avoir l’air d’être inhibés par le fait que les étudiants qui étaient devant étaient à pieds, sur ce périmètre. Ils ont chargé assez pour se retrouver au coin de la place de la Sorbonne, devant le feu… Et à grand fracas, avec les sirènes, les phares, bref, avec toute la mise en scène qui est de mise pour toucher une foule dans sa peur, les CRS du boulevard et ceux de la place se sont coordonnés, et nous avons perdu la Place de la Sorbonne vers 4h30. Mais nous étions encore là. La rue Cujas, à droite, était encore plus remplie de CRS qu’avant, pas d’issue possible. La rue Soufflot commençait aussi à pulluler, et nous avons réagi trop lentement et atomiquement pour mettre en œuvre un vrai échappatoire. Certains d’entre nous avaient déjà édifié une barricade Place Edmond Rostand, avec des jerricans d’essence et des poubelles, et avaient fait des réserves de bouteilles, grâce aux conteneurs (vive le recyclage !), juste après la rue Soufflot. La seule issue qu’il nous restait alors était de continuer à foncer sur le bd Saint Michel et sur la rue Médicis… Non… des cars se sont profilés dans cette due, les vans de la police se sont épaissis devant le Panthéon… C’est là que des étudiants ont commencé à s’attaquer au Mc Donalds du coin de la rue Soufflot. Amalgame, action brute, tout se liait alors bien loin de l’égide de la raison, et bien plus près du désespoir. Un van de police a fait des manœuvres sur le bd Saint Michel, au coin de la rue Gay Lussac, au métro Luxembourg… Nous étions « faits comme des rats ». Des CRS en ligne se sont profilés, et en nous retournant, nous avons vu les cars accéder déjà à la place Edmond Rostand. Les étudiants occupants se faisaient probablement passer les menottes aux poignets. En avançant, les CRS attrapaient toujours un ou deux étudiants, un peu ralenti par l’alcool ou la peur, et le matraquaient dans leurs rangs. Mon compagnon et moi avons pris trop tard la décision de partir, surtout que cette décision s’opposait à la présence des étudiants, encore et toujours, passablement groupés face à la situation dont l’issue était déjà certaine. Regardant les deux cyclopes, venant du haut de la rue Saint Michel, nous avons pensé simultanément à un mot, « destin », et nous avons souri de cette complicité dans la lutte impuissante en courant encore sur quelques mètres vers le métro Luxembourg, où se trouvaient les CRS, en ligne, près à fondre. Nous avons remarqué, à notre gauche, une grille ouverte sur ce que je pensais être une chapelle, qui donnait sur une cour résidentielle malheureusement en cul de sac, comme nous l’avons constaté avec quelques autres étudiants. Sortis de là, nous avons passé jusqu’au métro, il n’était pas possible de sortir pacifiquement du périmètre. Des étudiants se sont jetés dans le RER, il était à peu près 5h30, il était ouvert… Nous avons eu le manque de présence d’esprit de ne pas y aller, mon compagnon et moi, et de nous diriger à nouveau vers cette grille ; en fait c’était aussi parce que les CRS se sont soudain mis à charger coté Gay Lussac, et qu’il ont très vite dépassé l’ouverture du métro pour coincer les cinquante à cent manifestants qui restaient. Il nous restait 100 à 200 mètres, entre les deux groupes de CRS. Nous avons été trop nombreux à nous précipiter vers le cul de sac, où nous avons fait un trop précaire silence pour ne pas nous mettre à dos les riverains, ceux de la résidence du fond. Cachés derrière des voitures, nous avons espéré – vaguement – que le silence revienne, et que les voix des CRS s’éloignent, mais une lumière trop blafarde nous a soudain couverts et nous sommes sortis, poussés par les boucliers et les matraques, les mains sur la tête… Ils disaient que nous étions au même niveau que les jeunes de banlieue, pendant qu’on nous mitraillait, mains sur la tête encore… Ils ont menacés que ce serait nous qui porterions la totale responsabilité des actions de cette nuit… Lorsque le mitraillage des flash a cessé, nous avons été invités à laisser nos mains vaquer. Un autre CRS nous a rejoint avec un dernier étudiant, qui s’était caché dans les buissons où je n’avais pas eu le temps de me réfugier, mais ce dernier avait sorti la tête trop tard… Monsieur « le sage »… Dans le car, d’ailleurs, se dégageait une odeur de je ne sais quel gaz qui ne facilitait pas la respiration. Le trajet, assez long, nous a menés jusqu’au commissariat du 11è, passage Charles Dallery, et pendant ce temps nous nous recommandions mutuellement le calme et la soumission pour ne pas exciter la colère des policiers, et pour ne pas qu’ils profitent de la tension pour nous imputer plus que nous méritions. Il n’y avait pas eu de dégradations dans la résidence. Quel hasard de se retrouver près de la rue Basfroi, à Charonne, là ou en 1960-61 avaient été perpétrés tant de scandaleuses actions de maintien de l’ordre contre les manifestants contre la guerre d’Algérie…
Il était 6H11 quand nous sommes enfin entrés au commissariat, après qu’on ait laborieusement ( !) saisi les identités des 27 occupants du car, parmi eux 5 mineurs. Ensuite on nous a mené quelque part où on pourrait nous garder ensemble… Nous pensions à quelque chose comme une grande cellule, eux ont eu l’idée de nous emmener dans le parking intérieur du commissariat, où on nous a demandé de nous aligner contre le mur, mains contre le mur, les femmes un pas en arrière, et après la fouille, on nous a regroupé dans un espèce d’enclos de fortune, délimité par les barrières mobiles, sur 9m², où se trouvaient déjà quelques compagnons. Voici le moyen qu’on a trouvé de faire de nous des non-récidivistes… Les premiers appelés à sortir on été mon compagnon et une autre fille, ils les sélectionnaient au hasard, battant les cartes d’identité comme un jeu de cartes à jouer. Deux autres gars après eux, sont aussi sortis. Une demi-heure plus tard ils ont fait sortir une fille et un gars avec moi, et nous sommes descendus au secrétariat, où on nous a encore fait attendre. La communication était encore impossible, puisque pour eux nous n’étions que des imbéciles qui n’étaient là que pour justifier leurs exercices contre les mouvements sociaux. Quant à eux, tout ce qu’ils devaient faire, c’était mettre leurs idées de coté et appliquer avec une fierté de mouton de Panurge les ordres d’en « haut ». Après, un policier est passé avec un café et a donné l’ordre de ne pas nous faire sortir… Nous avons donc encore attendu, jusqu’à ce que finalement ordre soit donné de ne laisser partir personne pour l’instant jusqu’à nouvel ordre… On nous a donc ramenés au parc, il devait être 7h30, pour subir encore les blagues vaguement sadiques des policiers, la fumée des cigarettes qu’eux s’autorisaient à fumer, les matraques qu’ils agitaient avec une fierté… déplacée…
Là, j’ai vu grandir le ferment de cette Haine qui approfondit tant l’impossibilité de faire passer un quelconque message du peuple à l’Etat. Le peuple – notre groupe, épars, atomisé, désespéré, d’une certaine manière muet dans la mesure où son langage n’est compris que DANS le peuple, et encore, les rudiments, parce que nous sommes assez faibles pour nous mettre en conflit constamment pour des broutilles… Et de l’autre coté, ceux qui ne parlent plus. Impossible de se dire en démocratie dans ce cas.
Vers 8h30, presque tout le monde dormait, ils nous réveillés en criant ; on nous a fait remonter, enfin, la fille qui avait été avec moi la fois précédente a été remise dans l’enclos parce qu’elle avait répondu avec un ton quelques décibels trop fort pour ne pas exciter les abus de pouvoir… En excitant colère et exaspération, ils choisissaient ceux qui resteraient plus longtemps. Il restait une vingtaine de personne quand je suis sortie. J’ai fait la fille pommée, docile, fatiguée et mon départ n’a pas été retardé. Au sortir du parking, un policier m’a dit : « he, vous êtes libres, après, alors faudra pas rester en bas, hein ! ». Comme si la liberté n’impliquait pas déjà qu’on puisse aller où bon nous semble. Et là mon compagnon m’attendait depuis deux heures bientôt, afin de préparer et penser les actions de la semaine à venir…
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Blacksnake
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MessageSujet: Re: Les actions des jeunes contre le CPE - chronique (2)   Les actions des jeunes contre le CPE - chronique (2) EmptyDim 19 Mar - 2:25

Dit moi Llou A.S-Garcia juste un petit truc esque tu pourrai sauter de ligne juste pour que se soit plus agréable a lire....
Merci beaucoup.
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MessageSujet: Re: Les actions des jeunes contre le CPE - chronique (2)   Les actions des jeunes contre le CPE - chronique (2) EmptyDim 19 Mar - 3:16

Blase
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