lou.A.S-Garcia Nouveau
Nombre de messages : 14 Localisation: : Montréal Date d'inscription : 07/01/2006
| Sujet: Conte pour utopistes et passionés ou suicidaires Ven 26 Mai - 19:22 | |
| Conte pour un passionné suicidaire
Il est un pays où les gens pensent Que la lune est la lumière du bout d’un tunnel Dont l’ouverture se ferme et s’ouvre périodiquement Pour laisser entrer l’Esprit Dans notre sphère Et pour attendre quelque téméraire humain Qui viendrait rendre visite aux habitants Du monde éclatant qui ne manque que d’hommes
Comme l’action la plus héroïque Consisterait à atteindre la Porte On considère comme les rois de cette contrée Ceux d’entre les gens qui savent le plus assidûment Rêver Au fil des âges Les habitants de cette heureuse contrée Ont constaté que ceux qui parvenaient à construire Les plus longs chemins vers la « porte » Etaient les Artistes Mais ils ont aussi observé Que le fait de contempler leurs chemins Réduisaient toujours les autres observateurs A la contemplation solitaire de quelque chose Sur lequel on s’accordait évidemment Qu’il tendait à la Porte Mais que la manière de chacun de marcher sur ce chemin Etait à chaque fois irréductiblement différente Et en plus, la manière spécifique qu’avait un spectateur De le parcourir Faisait changer son orientation
Ayant assigné à leur Art le même But Ces gens-là étaient assidûment confrontés Aux problèmes indépassables de savoir Ce qu’on pouvait réellement partager de ses trouvailles Il n’y avait décidément pas de langage unique en Art, Alors que la conclusion à laquelle il devait tendre Etait la même pour tout un chacun Et concernait chacun d’entre les habitants
S’étant attaché depuis les prémices de leur existence A centrer leurs vies autour du problème épineux De ce que transmettait réellement l’art Leurs idées étaient bien plus Evoluées que celles des Occidentaux Du début du vingt-et-unième siècle Mais le fait est que leur détresse Quoique d’une autre origine Etait aussi manifeste Au bout de ces siècles de recherches inassouvies Que celles de leur lointains cousins
L’art seul pouvait-il mener une vie ? Pouvait-il suffire à la réalisation d’une Humanité ? Permettait-il d’assigner à l’existence humaine Un champ de possibles suffisant ? Etait-ce justifié de passer sa vie A trouver Le chemin De quelque chose que Personne n’avait atteint Et dont on affirmait Quand même Que c’était le But Suprême De l’Existence ? Qui avait décidé De normer les vies sur cette Quête ? Quel secret détenaient les artistes, Pour qu’ils s’acharnent tant à l’exprimer Et qu’en même temps ils n’eussent pas parvenu A le transmettre de façon Authentique Dans leurs propos ? Pourquoi nous poussaient-ils tous à Créer Alors que si peu d’entre nous étaient capables De réaliser le Génie ? Menés par des artistes, les populations Apprenaient à être héroïques, Entières Passionnées Brutalement avides de vivre De se montrer à la hauteur de cet idéal Consistant à mener dans une danse effrénée les autres vers ce Nord qu’était la Lune Cependant, peu d’entre ses membres atteignaient ce support de Pouvoir Qu’était le Génie, Dont seule la possession authentique Permettait d’en retirer les privilèges Dans ce monde où l’art présidait, On ne pouvait contrefaire le Génie, Ce dernier méfait était d’ailleurs le crime Le plus sévèrement réprimé… A cause de cette étrange inégalité, Concernant la distribution de ce don Et sa caractérisation comme présent Chez tel ou tel Des frères de ce peuple En constante quête, A cause de cet élitisme Qui fondait tout édifice de pouvoir sur le bord Boueux et labile De l’abîme de la corruption, Les populations avaient accumulé Un doute, Une détresse, Et d’innombrables interrogations (questionnements continuels témoignant d’un certain degré Sensibilité artistique, Qui était lui, Partagé par tous) Au point de se tourner de plus en plus souvent Vers les artistes Avec une injonction croissante : Rendre les fruits de leurs recherches Plus accessibles, Moins ésotériques. La Société des Artistes, Qui avait été formée à tenir compte du bien public En tant que la persistance de l’art même en dépendait, Se trouvait dans une situation De mélancolie généralisée Qui promettait un Crépuscule Nihiliste et désabusé Plus destructeur que toutes les passions Par lesquelles le peuple était passé A travers les époques houleuses De cette quête infinie. Ils étaient d’autant plus soucieux Que ce qu’ils possédaient Etait plus Qu’intransmissible, A peine pensable de manière exhaustive Par eux-mêmes, Producteurs de leurs œuvres. En effet, pour tenir la population Dans le rêve Et dans cette volonté merveilleuse dont on avait constaté Qu’elle avait mené des foules A la plénitude de l’existence, Les artistes avaient maintenu Que quelques uns d’entre eux Qu’on préférait faire passer à chaque fois Pour morts, Avaient atteint la lumière. Seuls les membres du pouvoir Savaient que Cela n’avait jamais été le cas… Mais on faisait en sorte que leur carrière artistique Soit la plus mûre possible Avant de se risquer à les informer de ce tragique secret Et de faire sombrer les fondements De leur entreprise artistique Dans la désillusion la plus nuisible à l’art. Parce qu’une fois l’œuvre réalisée, Les artistes s’étaient accordés A constater Qu’elle avait elle-même sa propre signification, Qui ne nécessitait soudain plus le but supérieur. Mais cet affranchissement ne se produisait qu’une fois Une Œuvre de la Vie d’un seul Artiste Complètement achevée. Mais comment sortir la foule de ce simulacre sans La détruire ?… Etait-ce d’ailleurs nécessaire ? Fallait-il privilégier la morale de la sincérité Quand la survie de l’Art et des Rêves Des gens était en jeu ? L’Art comme but en soi N’impliquait-il pas directement L’établissement d’une autre forme de morale Et la reconsidération de ce qui était Bon pour Tous Et Chacun ?
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Blacksnake Rang: Administrateur
Nombre de messages : 379 Localisation: : Palaiseau,Essonne Date d'inscription : 01/04/2005
| Sujet: Re: Conte pour utopistes et passionés ou suicidaires Sam 27 Mai - 23:12 | |
| mais ou va t'elle cherché tous ca...dans les cieux?!
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